Il fût un temps ou le marché de l’emploi dans l’hôtellerie/restauration se caractérisait par assez peu d’offres disponibles au regard d’un grand nombre de candidats ; mais ça c’était avant. Aujourd’hui le rapport de force s’est inversé ; il y a pléthore d’opportunités d’emplois, et bien trop peu de postulants. Le marché sanctionne toujours ceux qui en négligent les fondamentaux. Rien n’est éternel.
Face à ce constat qui pénalise lourdement la bonne marche des entreprises, peut-on espérer une prise de conscience générale de la profession ?
Nos métiers ne font plus rêver entend-on. Qui peut croire à ces vaines paroles ?
Par paresse, et totalement démunis les professionnels appellent l’Etat à la rescousse. Régulariser les travailleurs sans papier, et créer une carte de séjour spécifique pour tout nouvel arrivant sur le territoire national portant la mention « travail dans des métiers en tension ». Voilà une fausse-bonne idée, pour ne pas dire une mauvaise idée. La politique et l’idéologie n’ont rien à faire dans un débat de cette nature. Il en va de l’avenir et la pérennité de nos métiers. Chacun aura compris que cette solution revient à mettre un sparadrap sur une jambe de bois. Sans douter de la bonne volonté et de la réelle envie pour ces personnes de s’intégrer, il faut reconnaitre l’inadéquation entre leurs aptitudes et les besoins du moment pour les entreprises demandeuses. Les seuls emplois auxquels ces travailleurs peuvent prétendre sont des emplois pas ou peu qualifiés. Hors, nos restaurants et nos hôtels ont besoin de professionnels formés, compétents avec un niveau de technicité avéré.
Notre pays n’a jamais compté autant de CFA, d’écoles et de lycées professionnels dédiés aux métiers de l’hospitalité. Chaque année, pas moins de 50 000 nouveaux diplômés arrivent sur le marché du travail. Tous ont reçu une formation adaptée, et maitrisent les basiques du métier. Ils sont prêts à répondre aux sollicitations potentielles. Alors pourquoi cette dichotomie ?
Les métiers de l’hôtellerie/restauration ont vécu longtemps sur des certitudes. Avec le temps ils ont oublié que l’actif le plus précieux de l’entreprise était le capital humain. La profession doit apprendre à se vendre auprès des générations qui arrivent. Elle doit considérer les collaborateurs comme des partenaires du succès de l’entreprise, et surtout partager la Valeur Travail qui n’est pas une contrainte mais plutôt le meilleur moyen de se construire une existence réussie, tout en augmentant l’estime de soi et la confiance.
Le temps est venu de reconsidérer nos principes. Un recrutement n’est pas clos à la signature du contrat, mais plutôt lorsque se termine la période d’essai et que celle-ci a été concluante. Donner du sens aux missions confiées, reconnaitre les efforts, avoir le courage et l’honnêteté de dire les choses, savoir dire non, et surtout ne jamais être avare du mot Merci lorsque nécessaire. Se réinventer c’est aussi être exigeant avec les personnes responsables d’équipes, ce qu’on appelle le management intermédiaire ; trop de vocations se perdent parce que l’animation des équipes n’est pas à la hauteur.
Cet amer constat ne doit pas laisser penser que la partie est perdue. Un sursaut est possible, il viendra de ceux qui mettront l’humain au cœur de leur stratégie d’entreprise. « L’espérance est le songe d’un homme éveillé » ARISTOTE