Les prix comme les arbres, ne montent pas jusqu’au ciel

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Il est encore trop tôt pour tirer les leçons de la saison estivale 2023. Prenons date pour le début du mois de septembre. Toutefois, il n’est pas vain de faire un point d’étape à mi-parcours.

La tendance, si elle se confirme en août n’est pas favorable. Les millésimes 2019 et 2022 ne seront pas égalés, loin s’en faut. Les premières alertes se font entendre en Corse, en Nouvelle-Aquitaine, et sur la Riviera. Professionnels, représentants de l’UMIH s’inquiètent de la chute significative de la fréquentation sur les destinations phares de nos régions.

Le marché hexagonal répond moins bien, il est frileux ; les séjours sont plus courts, la dépense moyenne par client chute, et le vacancier opte plutôt pour des destinations de proximité avec son lieu d’habitation. La clientèle étrangère est moins présente que par le passé, et les russes et les chinois toujours empêchés. Voilà le constat objectif qui peut-être fait à mi-saison.

Délectons-nous par avance des justifications que donneront le moment venu les principaux acteurs de l’industrie touristique pour expliquer la contre-performance annoncée. L’imagination de certains sera fertile. Beaucoup incrimineront les récentes émeutes urbaines, d’autres plaideront l’incertitude économique à venir, ou la concurrence déloyale des plateformes telles que Abritel, ou Airbnb. Nombreux seront ceux qui resteront dans le déni, refusant d’affronter la réalité. Le problème est d’une autre nature.

Le marché est en train de sanctionner les restaurateurs, hôteliers et autres opérateurs qui croient que les prix peuvent monter jusqu’au ciel, et que rien ni personne ne peut stopper une inflation galopante. Ces négligents sont rattrapés par un principe de réalité : l’élasticité-prix, c’est-à-dire l’effet de la variation du prix sur la consommation.

Le consommateur envoie là un message clair : il ne veut pas être considéré comme un cochon de payeur. Le client voit tout, rien ne lui échappe. Il a les éléments de comparaison qui lui permettent d’apprécier le bien-fondé d’un prix, ou l’exagération de celui-ci.

Est-ce un hasard, de voir des destinations internationales telles que l’Espagne, la Croatie, la Tunisie et le Portugal être très sollicitées cette année ? Paul ELUARD disait : « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous »

Certes il n’est pas question d’ignorer ou d’occulter les augmentations de prix auxquelles la profession doit faire face (denrées alimentaires, énergie, salaires, etc….) , mais rien ne peut justifier une inflation aussi brutale. Ce constat est valable pour tous types d’hébergements, et de formules de restauration.

Les prix grimpent, et la qualité de service se dégrade. Manque criant de personnel qualifié, formation inadaptée. Jamais la situation n’a été aussi ubuesque. L’enchantement client repose sur le triptyque qualité/prix/service. Reconnaissons humblement que le compte n’y est plus.

Que faudra-t-il pour que la profession entende raison ? Une, ou plusieurs années de vaches maigres ?

Face à l’immensité de la tâche, seule une prise de conscience collective permettra une inversion de cette tendance inflationniste, et permettra ainsi de préserver une des fiertés de notre pays qu’est le tourisme.