Comme chaque année à pareille époque, nous n’échappons pas au psychodrame de la pénurie de main-d’œuvre dans l’hôtellerie/restauration. En terme journalistique cela s’appelle « un marronnier ».
Les années se suivent et se ressemblent. Il semblerait qu’à part en faire le constat, et pousser des cris d’orfraie, personne ne soit capable d’apporter des suggestions ou des mesures correctives à cette situation récurrente.
240 000 postes sont vacants, nous dit-on. La situation parait d’autant plus incompréhensible que 2024 est l’année Olympique, et qu’il est fort probable que les flux touristiques seront encore plus soutenus que lors des précédentes saisons estivales.
Alors, qui pour servir et accueillir ? Qui pour rendre les moments d’évasion réussis ? Et surtout, à qui la faute ? Pourquoi ce constat, maintes fois dénoncé, ne trouve-t-il pas de solutions ?
Ecrivons-le sans ambiguïté, les torts sont largement partagés. Employeurs et employés sont responsables de cet état de fait.
Nombreux sont les dirigeants qui considèrent la main-d’œuvre comme variable d’ajustement pour maximiser les profits. Les contrats saisonniers proposés sont de plus en plus courts, passant de 6/7 mois à 2/3 mois. La pression sur les résultats se caractérise aussi de cette façon. Les CV reçus sont souvent mal traités, ou pire encore, pas traités du tout. Les entretiens d’embauche sont négligés, ou réalisés dans de piteuses conditions. Enfin que dire, des intégrations des nouvelles recrues souvent bâclées. Comment dans ces conditions susciter l’envie de candidats sincères, volontaires et motivés ? Les employeurs sont punis par là où ils ont péché.
Les personnes en recherche d’emploi ont aussi leur part dans ce profond dysfonctionnement. Les métiers de l’accueil sont un véritable sacerdoce ; il n’y a pas de place ni d’avenir pour des personnes non motivées, et qui choisissent cette voie par défaut. Lorsque l’on n’a pas de prédisposition pour le contact humain, on s’abstient. Lorsque le sourire n’est pas naturel on n’a aucune chance de se plaire et de réussir dans cet univers. Beaucoup s’intéressent à ce métier parce qu’ils n’ont d’autre choix. C’est un chemin sans issue. Les métiers de l’hospitalité apportent énormément de satisfactions à ceux qui s’investissent, et qui ne craignent pas de s’engager. Combien d’individus ayant ce profil se présentent-ils aujourd’hui ? Trop peu. Choisir l’hôtellerie et la restauration n’est en rien une voie de garage, mais plutôt une rampe de lancement pour une belle carrière. La société des loisirs et du temps libre ont fait disparaitre les notions d’effort, de travail soigné et d’endurance. Le marché de l’emploi s’est considérablement appauvri qualitativement.
Il est grand temps d’en prendre conscience et d’y apporter remède. Employeurs et employés ont une révolution copernicienne à faire. Osons renverser la table. Changeons de paradigme si l’on ne veut pas que les choses se répètent à l’infini et que ce métier dont nous sommes si fiers, disparaisse. Avoir confiance les uns en les autres, ça ne se décrète pas, ça se construit au fil du temps.