La presse nous apprenait au mois d’août dernier que, le Cours hôtelier de Besançon était menacé de fermeture définitive, faute d’élèves. Cet établissement également connu sous le nom d’école Cheval (nom de la directrice qui l’a animé de 1963 à 1989), a formé des générations de majordomes, de gouvernantes, et autres professionnels de l’hôtellerie qui ont servi de la meilleure manière dans les plus prestigieux hôtels de la planète.
Il semblerait que les difficultés que rencontre cet établissement ne soit pas un cas isolé.
Ce triste constat n’a qu’une seule véritable explication : l’inadéquation criante entre l’offre et la demande.
L’offre est abondante, il n’y a jamais eu autant d’écoles hôtelières (privées et publiques) qui se sont ouvertes depuis les dix dernières années. La grande majorité des étudiants est motivée, désireuse de bien faire, et ambitieuse. La qualité de l’enseignement a favorablement évolué en tenant compte des spécificités du marché et des besoins des employeurs.
La demande n’a jamais été aussi forte. Les exploitants ne cessent de déplorer les postes vacants. Chacun essaie de rendre ses propositions d’emplois les plus attractives possibles (salaires, avantages, conditions de travail). Tout est fait pour séduire.
Deux entités se font face, qui peinent à s’entendre, et à se comprendre. Situation ubuesque. Les écoles s’estiment négligées, voire ignorées. Elles ne comprennent pas pourquoi les professionnels ne viennent pas à leur rencontre, et pourquoi les embauches ne sont pas gérées selon un plan de recrutement pluriannuel.
Les exploitants considèrent que le mal réside dans le désintérêt que portent les nouvelles générations aux métiers de l’accueil et du service. Ils pensent à tort qu’il n’y a plus d’appétence pour l’effort et le travail bien réalisé.
Tout cela relève de l’incompréhension mutuelle. Aujourd’hui l’offre doit être dynamique, et la demande proactive. Il est révolu le temps ou le professionnel attendait sereinement la réception de CV pour faire ses embauches ; il doit se faire connaitre en visitant régulièrement les écoles et présenter ses éléments de différenciation. De la même façon l’école ne peut plus se limiter à délivrer un enseignement de qualité, elle doit aller au-devant du marché et proposer de véritables partenariats gagnant/gagnant avec les entreprises.
Oui, le marché de l’emploi a fait sa mue. Les vieilles pratiques ont vécu. Rien ne sera plus comme avant. Les nouvelles générations de salariés sont exigeantes, et c’est tant mieux pour la profession. Les exploitants pourront le devenir avec la qualité de la main-d’œuvre s’ils savent susciter l’envie et le désir de rejoindre la grande famille de l’hôtellerie.