Le malheur des uns fait le bonheur des autres

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Les plateformes de réservations de particuliers à particuliers s’apprêtent à réaliser sur le territoire national, une année 2024 que l’on peut d’ores et déjà qualifiée d’historique. Elles devront leur insolente réussite à l’hôtellerie française qui semble avoir perdue sa boussole.

Face à la promesse d’une saison estivale très chargée, grâce entre autres, aux JO 2024, les hôtels ont clairement abusé d’un positionnement prix totalement déraisonnable. A quelques heures du début de la compétition, c’est la panique dans l’univers feutré de l’hôtellerie. A l’exception d’une poignée de grands hôtels privatisés par des sponsors/partenaires de l’évènement, l’immense majorité des établissements hôteliers ne réussiront pas à dépasser un taux d’occupation de 55%.

Décidément, l’histoire se répète. Pourquoi n’avoir pas tenu compte des déconvenues de LONDRES 2012 ?

Comme l’a justement écrit Marianne RUBINSTEIN : « Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel »

Ce qui nous caractérise, nous français, c’est notre manque d’humilité face aux lois du marché. Non, le client n’est pas un « cochon de payeur ». Il a son libre arbitre, et sait l’utiliser. Si le prix proposé, est inconvenant, le client sait trouver des solutions alternatives. Il le prouve une nouvelle fois, en portant son choix sur d’autres types d’hébergements.

Le marché semble avoir sanctionné toutes les catégories d’hôtels ; de l’hôtellerie entrée de gamme, jusqu’aux établissements haut de gamme. Beaucoup espéraient une invasion massive de touristes et visiteurs, et qu’en conséquence il était permis de doubler voire tripler les prix habituellement pratiqués.

Les villes, collectivités territoriales, et les organisations représentatives de la profession, telle que l’UMIH ont beau jeu de critiquer, et de partir en guerre contre cette concurrence jugée déloyale, elles ne se rendent pas compte à quel point elles favorisent leur succès.

Oui, les hôteliers font la fortune de Airbnb, HomeToGo, Abritel, et tant d’autres.

C’est bien connu, les coupables cherchent toujours des excuses ; c’est ainsi que se répandent depuis quelques jours dans la presse des prétextes fallacieux tels que le déséquilibre potentiel entre offre et demande, obligation d’avoir un QR code pour se déplacer, ou l’impossibilité à accéder aux lieux d’accueil.

Paris et la France jouissaient déjà d’une réputation de destination chère. Ce que nous vivons en ce moment ne va pas améliorer notre image à l’international.

Certains se comportent comme si demain n’existait pas. Cette vision court-termisme est mortifère pour l’industrie de l’hospitalité. Croient-ils que ce soit en pratiquant des prix décorrélés du marché qu’ils pourront transformer un primo-visiteur en client régulier et fidèle ?

L’optimisation des revenus dans un hôtel se fonde sur la parfaite conjugaison du prix moyen de la chambre et du taux d’occupation de l’établissement. Il est à craindre que beaucoup seront déçus cette année de la performance globale de leur activité.

La justesse d’un bon pricing n’est pas qu’économique, il est aussi moral et éthique.