Le Guide Michelin : Histoire d’une dérive

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Les rétrogradations de Guy SAVOY et Christopher COUTANCEAU en disent long sur le monde des grandes entreprises, et la façon dont les « petits chefs » se comportent.

Il fallait oser sanctionner deux de nos plus illustres cuisiniers reconnus de tous, et qui font la fierté de notre pays. Leurs restaurants sont complets, les clients s’y régalent, et leur réputation a largement dépassé les frontières de l’hexagone.

Ces humiliations publiques ne sont que la suite d’un jeu de ball-trap engagé depuis quelques années. Est-il nécessaire de rappeler que les autres cibles atteintes s’appelaient BOCUSE, HAEBERLIN, DUTOURNIER, VEYRAT, et tant d’autres. Pour quelles raisons ? Nous ne le saurons jamais ; peut-être parce que trop « ringards », ou pas assez jeunes.

Aujourd’hui pour être adoubé par le guide rouge, il faut probablement être un cuisinier tatoué, avoir participé à l’émission Top Chef, et passer la plupart de son temps sur les réseaux sociaux.

En sanctionnant chaque année de grands noms de la gastronomie française, le guide Michelin s’est totalement décrédibilisé, et a rendu son référencement obsolète et illégitime. Il n’est donc pas étonnant de voir arriver sur le devant de la scène de nouvelles officines de classements telles que la Liste, ou 50 Best dont le sérieux et la crédibilité sont discutables ; mais la nature ayant horreur du vide…

En essayant de suivre les modes et les tendances de la cuisine, le guide s’est vidé de sa substance. Il a perdu son âme. Il est comme un bateau ivre, sans boussole, sans vision, ni perspective. Il est loin le temps ou les décisions rendues chaque année ne souffraient  d’aucune contestation ; ce bon vieux temps ou André TRICHOT, puis Bernard NAEGELLEN animaient le guide de façon impartiale, éthique, et professionnelle. C’était une époque ou l’ADN de la cuisine française, et ses fondamentaux étaient magnifiés, reconnus et célébrés.

Le guide agit en toute impunité. Il reste muet lorsqu’il s’agit d’expliquer et de justifier ses choix. Au mieux il ose dire en guise de commentaires suite au retrait des étoiles de G SAVOY et C COUTANCEAU : «  ce sont de très grandes maisons, notre décision n’a pas été facile à prendre » ; Bienvenue au royaume des pleutres et des couards.

L’humiliation faite à nos deux grands cuisiniers a choqué bien au-delà du monde feutré de la grande restauration. C’est tout le pays qui est resté coi face à cette profonde injustice.

Nombreux sont ceux qui dans la profession aujourd’hui en appellent à Monsieur Florent MENEGAUX Président du Groupe MICHELIN, et à son Conseil d’Administration. Ces éminentes personnalités vont-elles encore longtemps laisser se propager cette situation ou règne l’arbitraire, et le ressentiment à l’égard de ceux qui ne font pas partie de la caste ?

Une reprise en mains du guide Michelin est indispensable, à moins que la décision de céder la filiale Michelin Editions ne soit déjà enterinée.