La révolution digitale appliquée à la restauration

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Irez-vous encore dîner au restaurant dans quelques années ? La sortie au restaurant, qui fait le charme de certaines soirées, sera-t-elle toujours plébiscitée à l’avenir ? Ces questions méritent d’être posées, lorsque l’on constate l’énorme succès que connaissent depuis quelques mois les restaurants digitaux, et le développement rapide des « Dark Kitchens » ou « Cuisines Fantômes ».

Difficile de faire plus disruptif. Ces nouveaux restaurants à succès n’ont pas d’adresse postale, pas de devanture, ni façade ; ils existent uniquement sur votre smartphone. Les offres et prestations qu’ils proposent sont élaborées dans des laboratoires ou le prix de location du m2 est très inférieur à un commerce situé sur un axe fréquenté.

La pandémie est passée par là. Les habitudes de consommation ont été bouleversées lors des confinements successifs. Le consommateur s’est familiarisé avec la vente à emporter ou la livraison à domicile.

Cette nouvelle façon de se restaurer présente trois avantages : confortable, pratique et bon marché. Confortable, car il suffit d’être douillettement installé sur son canapé, et surfer sur tous les concepts de cuisines internationales que proposent les nouveaux acteurs de la restauration virtuelle ; citons les principaux : Taster, Dévor et Not so Dark. Pratique, puisque la commande et la livraison se déclenchent en un click. Et enfin, bon marché car le coût de fabrication du plat est allégé de 60 % par rapport aux coûts d’élaboration classique du même plat (frais de personnel divisé par 3, loyer de la surface de production 8 fois inférieure, etc…). Nul besoin d’être grand clerc pour imaginer la pertinence du modèle économique. Les marges dégagées par ce nouveau concept rendent déjà jaloux les majors de l’industrie de la restauration rapide.

L’univers de la restauration aura connu lors de ces dix dernières années plus de bouleversements qu’il n’en aura vécu lors des vingt derniers siècles. Sans porter de jugement de valeur sur le bienfondé de ces transformations, force est de reconnaître que ce concept a immédiatement trouvé son marché. Cela confirme une fois encore, comme s’il était nécessaire de le préciser de nouveau, que c’est bien l’offre qui crée la demande dans la restauration, et non l’inverse.

A la lecture de ces quelques lignes certains penseront qu’il n’y a pas que de belles choses à attendre du nouveau monde ; d’autres imagineront que les restaurants digitaux ne sont qu’une mode qui disparaîtra aussi vite qu’elle est apparue ; pour ma part, je crains que cette nouvelle façon de consommer soit pérenne, et regrette que mes petits-enfants ne puissent connaître l’ambiance chaleureuse et amicale du restaurant de quartier, la nappe à carreaux, le poulet rôti, la purée maison et les mimiques du restaurateur bedonnant qui marquent des souvenirs d’enfance.