Mon précédent billet traitait des schémas de management horizontaux et verticaux , et j’affirmais arguments à l’appui que l’horizontalité est une mode dont l’espérance de vie est limitée.
Je souhaiterai aujourd’hui appeler l’attention de mes lecteurs sur une autre tartufferie du moment : La bienveillance en entreprise.
Probablement une belle intention, mais sûrement une mauvaise idée.
Aristote disait : « la bienveillance c’est s’intéresser aux autres de façon désintéressée »
Dans l’entreprise on s’intéresse aux autres de façon totalement intéressée.
Ce phénomène est récent ; la bienveillance en entreprise commence après la vague de suicides à France Télécom en 2008 et 2009. Certains dirigeants dépourvus de toute humanité prennent conscience que le travail peut tuer, lorsque l’entreprise est gérée selon les lois de la jungle.
Pour éviter que de tels drames ne se reproduisent, quelques grandes entreprises appellent à la rescousse, ce que l’on nomme les gourous du management. L’occasion sera idéale pour tous ces docteurs Mabuse de proposer toute une série de concepts creux, vides de sens, essayant ainsi de faire passer certains de l’ombre à la lumière. C’est le concept de bienveillance au travail qui séduira, et s’imposera naturellement comme étant la clé qui ouvre la porte du bonheur au travail.
Bienvenue dans le « monde de oui-oui ». Dorénavant toute chose est égale par ailleurs. Après la brutalité ou l’indifférence, place à la naïveté.
Concomitamment à ce concept, est apparue une nouvelle fonction dans l’organisation des entreprises ….. Chef du Bonheur, ou si vous préférez Chief Happiness Officer. L’imagination des savants du management est sans limite…. Le lieu de travail devient un bac à sable, ou une cour de récréation….Je ne vois là qu’insincérité et, démission morale des managers, cadres et dirigeants qui adoubent ce système.
Les laudateurs de la bienveillance mettent en avant l’amélioration de la productivité, ils constatent une chute de l’absentéisme, et assurent que cette démarche favorise la créativité et la prise d’initiative.
Les contempteurs dénoncent une fuite en avant des équipes encadrantes, pointent un laisser-faire, laisser-aller, alertent sur un risque de familiarité qui menace, et abjurent de combattre les faux-semblants.
La bienveillance en entreprise est selon moi, le parfait opposé du bien-être au travail. Les collaborateurs n’ont pas besoin d’une maman sur leur lieu de travail, mais plutôt d’un guide ou d’un tuteur.
Je partage toutefois le constat fait par certains, que le travail est source de stress, mais j’oppose à la bienveillance… la rectitude morale, la sincérité et l’équité. Je prétends que les salariés ont plus besoin de preuves d’amour que de déclarations et postures creuses. La vraie mission de l’entreprise est de créer de la Valeur par les valeurs, et non au travers d’artifices fumeux.
Un chef est reconnu en tant que tel, s’il sait donner du sens à la mission à accomplir, s’il est capable de marcher devant ses troupes, et s’il fait concrètement grandir professionnellement ses équipes.
Pour conclure, je recommande modestie et humilité en matière d’animation d’équipes. Gardons raison face aux obscures nouveautés. Le bon sens est une Stratégie.