Eté 2022, les gagnants et les oubliés

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Olivia Grégoire, ministre aux multiples portefeuilles, dont celui du tourisme, ne cachait pas sa grande satisfaction, le 29 aout dernier, en nous annonçant que 35 millions de français étaient partis en vacances cet été, et que les américains et les européens étaient revenus en nombre dans l’hexagone.

Qui mieux qu’un politique pour simplifier et caricaturer une situation beaucoup plus complexe qu’elle n’y parait ? Certes 2022 n’est en rien comparable avec les millésimes 2020 et 2021, années empêchées. L’été qui s’achève retrouve les niveaux de fréquentation de 2019, ce qui est reconnaissons-le tout à fait appréciable.

Mais doit-on pour autant, passer sous silence les fortes disparités constatées entre les différents lieux de villégiatures ? Toutes les régions du pays ne profitent pas de la même façon de la manne touristique. Paris, la Corse, la Riviera, et le littoral atlantique demeurent les destinations prisées des vacanciers français ou étrangers. A l’inverse d’autres régions telles que la Bourgogne, l’Alsace, les départements intérieurs de la Normandie sont délaissées. Et pourtant, à ceux qui voudraient vivre la France dans ce qu’elle a de plus authentique, de plus accueillant et chaleureux, on ne peut que recommander de s’intéresser à ces coins de paradis.

Alors pourquoi un tourisme à deux vitesses ? C’est dans le système jacobin et centralisateur de notre pays qu’il faut chercher la réponse. L’Etat ne doit pas, et ne peut pas s’occuper de tout. La promotion et le développement touristique relèvent des régions, et non de l’Etat. Donnons aux régions les moyens de faire leurs propres opérations marketing et communication. Qui mieux que les socio professionnels d’un bassin de vie pour parler de leur territoire et susciter l’envie d’y séjourner ? Saluons l’approche pertinente de l’Espagne qui a depuis fort longtemps compris que le tourisme était une affaire régionale. Nul besoin de citer Barcelone ou la Costa Brava, on parle de Catalogne ; c’est l’Andalousie qui est mise en avant, au détriment de Séville, Grenade, ou Cordoue. Inutile d’énumérer ici les approches identiques pratiquées par nos autres pays voisins tels que l’Italie ou l’Allemagne.

Ceux qui se satisfont de cette situation auront beau jeu de justifier la centralisation des moyens, en invoquant des objectifs d’efficacité et de mutualisation ; malheureusement cette disposition a conduit à de grandes injustices territoriales. Oui à la mutualisation des ressources, mais pas au désavantage de la prospérité de nos territoires.

Il s’agit bien là, de la question de la répartition des moyens entre l’Etat et les acteurs du monde du tourisme. Dotons nos régions de budgets qui leur permettront d’aller à la conquête des marchés domestiques et internationaux.

Seule une politique volontariste en faveur d’un tourisme au profit de tous permettra d’inverser cette tendance, et de redonner ainsi espoir à tant de merveilleux spots qui font l’âme de notre pays.