Les dirigeants de l’hôtellerie de plein-air (campings, clubs de vacances) et les responsables de plateformes de réservations de locations meublées telles que Airbnb ou Abritel peuvent chaleureusement remercier les hôteliers.
Si les deux premiers cités peuvent se targuer d’un été très satisfaisant, l’hôtellerie classique dans son ensemble a connu des fortunes diverses.
Toutes catégories d’hôtels confondues, les prix ont bondi de plus de 35% par rapport à l’année 2020. Une aberration ? Sans aucun doute si l’on en juge par la réaction immédiate du marché. Les taux d’occupation reculent d’environ 7 à 9 points , selon les régions et les gammes d’hôtels.
Les classes populaires ont aujourd’hui définitivement renoncées à choisir l’hôtel comme lieu de résidence pour les vacances. Elles peuvent au mieux réserver dans un gîte ou une maison d’hôtes.
Les classes moyennes supérieures jusqu’alors adeptes de séjours en hôtellerie classique pour les vacances, se tournent aujourd’hui vers la parahôtellerie ; d’où les performances étonnantes cet été des locations de villas, appartements et autres résidences haut de gamme.
Seule la clientèle fortunée, principalement étrangère, reste encore fidèle à l’hôtellerie ; mais pour combien de temps encore ?
L’hôtellerie française a maintenant une image de « cherté ». Cette réputation, largement répandue à l’international est un véritable handicap pour un pays qui ambitionne d’être ou de vouloir rester la première destination touristique mondiale.
Les grands évènements sportifs internationaux organisés prochainement dans le pays (Coupe du monde de rugby, et JO 2024) ne vont probablement pas calmer cette folie inflationniste. Est-il permis de rappeler ici l’échec cuisant de l’hôtellerie londonienne lors des JO 2012, qui croyant réaliser le jackpot, a pénalisé sa saison et les quelques années qui ont suivies.
Comment faire entendre raison à une profession qui se conduit comme s’il n’y avait pas de lendemain. Vision à court terme vs stratégie à long terme.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’attractivité de la France ne repose pas uniquement sur la beauté de ses paysages, sa culture, son art de vivre, son histoire ou sa gastronomie ; le rapport aux prix est également un élément constitutif dans le choix d’un séjour.
Le comble du déni, est de faire valoir la loi de l’offre et la demande pour justifier des prix toujours plus élevés. En clair, plus la destination est prisée, plus elle doit être chère. Quelle vacuité de la pensée !!
Au regard de ce triste constat, que dire de la qualité de service que l’on trouve aujourd’hui dans les hôtels, et de l’expérience client proposée ? La perte des vocations, et la désaffection pour les métiers du service et de l’accueil ont considérablement dégradé l’attention et le soin dus au client. Sans caricaturer, il est permis de dire que plus la qualité de service baisse, plus les prix augmentent.
Très inquiets des dérives à venir pour la période des JO 2024, les pouvoirs publics envisagent la mise en place d’un observatoire des prix des locations meublées. Ne faudrait-il pas en faire de même pour les hôtels ?
Dans une économie de marché, ouverte à la concurrence internationale les mesures coercitives sont rarement une bonne réponse ; elles peuvent toutefois dans certains cas ramener à la raison les plus jusqu’au-boutistes.