Il n’est pas vain d’écrire que les métiers d’accueil et de bouche ont besoin de dirigeants visionnaires, et sereins. Il est également permis de douter qu’à ce jour, tous ceux qui assurent de grandes responsabilités en ont les aptitudes. Beaucoup ont recours au moindre effort, à la facilité et au court-termisme. Pourtant deux obstacles majeurs se dressent à l’horizon ; la pénurie de personnel, et la frénésie inflationniste des prix de chambres d’hôtels. Sauront-ils surmonter ces deux écueils ? Rien n’est moins sûr, si l’on en juge de récentes prises de position.
Thierry MARX nouvellement élu Président de l’UMIH, se targue d’avoir réussi à faire reconnaitre par les pouvoirs publics la restauration comme « secteur en tension », permettant ainsi d’obtenir la régularisation des travailleurs sans papiers, si l’article 3 du projet de loi immigration est voté. Pourtant chacun sait qu’il est illégal d’employer des personnes sans papiers. Il est pour le moins curieux qu’une organisation patronale soutienne des pratiques délictueuses. Les bons sentiments portés en bandoulière, Monsieur MARX fait de la morale, et se conduit comme un militant politique. Il ignore tout du problème lié à la désaffection de main d’œuvre dans nos métiers. Ne voit-il pas que l’ascenseur social qui était une arme de séduction massive pour toute une jeunesse, est aujourd’hui totalement en panne ? Ne comprend-t-il pas que la reconnaissance, et le goût de l’effort ne sont plus valorisés, ni même reconnus ? Croit-il qu’en embauchant des personnes peu ou pas qualifiées, il apportera une solution pérenne aux enjeux de la restauration ? La compétence et l’expertise métier ont un coût ; il serait souhaitable que Monsieur MARX et ses acolytes ne l’oublient pas. Plutôt que de faire de la politique, l’UMIH serait mieux inspiré de partager les bonnes pratiques de management et d’animation d’équipes avec ses adhérents.
Un autre point de crispation commence à faire débat, et représente une véritable menace pour le futur de l’hôtellerie. Pour s’en rendre compte, il suffit d’aller se promener sur le Net, et de regarder les prix des chambres d’hôtels annoncés pour la période des JO 2024. Ceux qui feront cette amusante expérience seront stupéfaits des délires assumés. Des tarifs allant jusqu’à 450 euros/nuit pour un hôtel 2* en région parisienne, avec bien entendu une durée minimum de séjour…. Conscients que cette folie touche toute l’hôtellerie hexagonale, les médias se sont à juste titre emparés du sujet. La période post-covid avait déjà été une occasion d’augmenter de façon significative les prix, sous le fallacieux prétexte qu’il convenait de rattraper les dix-huit mois de non-exploitation, et de répercuter l’inflation des coûts de l’énergie et des matières premières. La conséquence visible dans tous les établissements est que le Revpar a progressé partout sous l’effet de la hausse des tarifs, au détriment des taux d’occupation. Ce constat vérifié, et vérifiable partout est un très mauvais signe pour la profession. Est-il nécessaire de rappeler que le prix est devenu le premier critère de choix d’un hôtel ? Doit-on une nouvelle fois écrire qu’une stratégie tarifaire erratique est mortifère pour la destination France ? Le client a de la mémoire, il convient de ne pas l’oublier. Prenons garde aux lendemains qui déchantent.
Une des principales responsabilités d’un dirigeant, est d’assurer le futur de son entreprise. Les primes sur résultats et les divers bonus financiers ne peuvent être l’alpha et l’oméga de sa mission. La pérennité d’une entreprise se construit au travers de décisions cohérentes et compréhensibles. Ne pas respecter le client, c’est à coup sûr être sanctionné par le marché le moment venu.