L’hospitalité, la restauration et l’hôtellerie survivront-elles à la pénurie de main d’œuvre qui frappe si durement ces métiers ? La profession a perdu au fil du temps tous ses repères qui en faisait un secteur d’activité attrayant. En faisant fi du passé, des collaborateurs, de la formation, des rémunérations, de l’organisation et des conditions de travail, les dirigeants ont laissé s’éteindre la flamme de l’enthousiasme qui habite tous ceux qui aiment être au service du client.
Est-il nécessaire de rappeler que le capital humain est l’actif le plus précieux de l’entreprise ? Doit-on redire que la croissance pérenne d’une entreprise de services ne peut se concevoir qu’au travers d’une « expérience client » construite et réussie ?
Il est triste de constater qu’aujourd’hui nombreux sont ceux qui ont posé les armes et considèrent que la désaffection et le désintérêt pour les métiers de l’hospitalité sont une fatalité, et qu’il en est ainsi parce que c’est le sens de l’Histoire.
Refusant de voir la réalité de la situation, drapé dans un sentiment de déni collectif, les organisations professionnelles ont obtenu des pouvoirs publics la reconnaissance de « métiers en tension ». Ce label peu glorieux va permettre aux opérateurs d’importer de la main d’œuvre pas ou peu qualifiée, imaginant ainsi pouvoir guérir un mal qui ronge insidieusement la restauration et l’hôtellerie. Un titre de séjour va donc être mis en place pour les travailleurs issus de l’immigration avec l’objectif de répondre à la carence de personnel.
La profession a donc décidée de subir les aléas d’un marché du travail exsangue, plutôt que de bâtir un projet d’excellence fondé sur la responsabilisation, la reconnaissance, et la transmission des savoirs. On ne peut que regretter un tel constat.
Il est grand temps de changer de paradigme. Le recrutement d’un collaborateur ne se résume pas à la seule utilisation de ses jambes et ses bras. Les exigences des métiers de l’accueil et du service sont telles, que la réussite passe par une parfaite maitrise des fondamentaux techniques et comportementaux. Savoir-faire et savoir-être ne s’improvisent pas. Ils sont l’aboutissement d’un cheminement construit sur une éducation et une formation rigoureuses.
Laissons aux politiques et autres idéologues le soin de débattre sur la question : L’immigration est-elle une chance pour notre pays ? Ce qui doit préoccuper les gouvernants, les éducateurs, et les professionnels, c’est comment rendre à nouveau désirable les métiers de l’hospitalité par le biais d’une pédagogie, d’un enseignement de qualité, d’une reconnaissance, et d’une valorisation du travail et des efforts fournis.
Interrogeons-nous sur les véritables attentes de ces nouvelles générations qui sont arrivées sur le marché du travail, ainsi que sur celles qui suivront. Aujourd’hui le salarié ne cherche plus un emploi, mais souhaite se voir proposer un véritable projet de vie professionnelle. Le bon équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est un enjeu prégnant. L’engagement et la loyauté doivent être considérés et reconnus. Le partage des connaissances et de l’expertise doivent s’imposer comme étant l’alpha et l’oméga de toute relation durable entre les collaborateurs et la hiérarchie. Donner du sens à la mission et aux objectifs est vital si l’on veut garder des collaborateurs engagés et motivés.
Tel est le chemin à emprunter pour ramener dans nos entreprises des personnes déterminées, motivées, et désireuses d’enchanter le client. L’espoir fait vivre.